La Maria Chapdelaine de Clarence Gagnon au Musée McMichael
Les illustrations du célèbre roman québécois et des gravures de scènes françaises
Publication: L’Express
Published: December 11, 2019
Author: Mary Elizabeth Aubé
Depuis quelques semaines, nous avons le bonheur de pouvoir admirer 54 bijoux de la collection du Musée McMichael: les illustrations du célèbre roman Maria Chapdelaine par l’artiste québécois Clarence Gagnon.
Ces tableaux – que le McMichael représente tous les trois ans pendant trois mois – sont exposées jusqu’au 2 février 2020.
En plus, cette année, le musée présente simultanément une exposition de gravures de scènes françaises réalisées par Gagnon.
Des paysages peuplés
Clarence Gagnon a étudié l’art à Montréal avec William Bremner, puis à l’Académie Julien à Paris. Contemporain du Groupe des Sept, il partage avec eux l’intérêt pour le paysage et une passion pour la lumière.
Se distinguant de ce groupe d’artistes, Gagnon peint des paysages peuplés, par exemple des champs cultivés ou une rivière qu’un traîneau traverse à la hâte avant que la glace ne se brise.
Si ces gouaches ont été conçues pour illustrer l’action du roman de Louis Hémon, qui a lieu dans un endroit et une période spécifique (le lac Saint-Jean pendant la colonisation), elles mettent néanmoins en scène des thèmes universels: le cycle des saisons et le cycle de la vie humaine avec ses activités quotidiennes et ses rites religieux.
De la taille d’une feuille de papier, ces peintures nous invitent à nous pencher vers elles pour entrer dans leur univers, reproduisant ainsi dans la galerie du musée l’expérience des lectrices et lecteurs lorsqu’ils se penchent vers ces illustrations dans le livre.
Incontournable Maria Chapdelaine
Lorsque Gagnon est engagé pour illustrer Maria Chapdelaine, le roman est déjà très populaire. D’ailleurs, le livre continuera jusqu’à nos jours de jouir d’un grand succès commercial, comptant plus de 200 éditions.
D’autres artistes renommés, dont Suzor-Côté et Thoreau MacDonald, l’ont aussi illustré.
L’action du roman se déroule sur les nouvelles terres au lac St-Jean au début du 20e siècle. L’héroïne Maria Chapdelaine se trouve devant le choix entre trois prétendants associés à des espaces qui offrent la possibilité de vies fort différentes: la forêt, la ville industrialisée ou le village agricole.
Écrit par le Français Louis Hémon, le livre est publié en feuilleton en 1914, puis comme roman en 1916. Il devient vite et reste toujours un incontournable de la littérature québécoise.
Illustrations remarquées
La grande valeur artistique de ces illustrations a été reconnue dès leur publication en 1933.
Lors d’une exposition des peintures de Gagnon à la Galerie nationale en 1938, le chroniqueur E. W. Hammond, dans le Ottawa Citizen, remarque la richesse des couleurs, l’exquise atmosphère et la texture remarquable des œuvres.
Et il juge que le niveau de réussite artistique n’a été égalé par aucun autre artiste canadien, et par peu d’Européens et d’Américains.
R. S. McLaughlin, un des fondateurs de General Motors Canada, a fait don au McMichael de cette œuvre majeure, après l’avoir exposée dans sa propre résidence.
Gravures de scènes françaises
En complément de l’exposition des illustrations de Maria Chapdelaine, le McMichael propose aussi un groupe de gravures de scènes françaises réalisées par Gagnon vers 1918.
Ces gravures révèlent certaines des mêmes caractéristiques qu’on trouvera plus tard dans les illustrations pour le roman, par exemple des paysages portant des traces de la vie humaine et aussi son grand souci du détail.
À faire
• Matinée francophone sur Maria Chapdelaine, le samedi 14 décembre, 10h30 à 12h30.
• Un nouveau livre avec toutes les illustrations de Maria Chapdelaine et un essai par Ian M. Thom, ancien conservateur en chef du McMichael, disponible à la boutique du musée.
• À Toronto nous sommes doublement choyés: non seulement avons-nous les peintures originales de Clarence Gagnon dans la collection du McMichael, mais aussi avons-nous un exemplaire de Maria Chapdelaine avec ces illustrations dans la collection de la Bibliothèque publique de Toronto (qui, notons-le en passant, contient des douzaines d’éditions différentes de ce roman). À consulter sur place à la Bibliothèque de référence près du carrefour Yonge et Bloor.
Prolongation de l’exposition Maud Lewis
Par ailleurs, conformément à sa mission qui est de promouvoir l’art pancanadien, le McMichael propose depuis juin une exposition dédiée à Maud Lewis, artiste de la Nouvelle-Écosse.
Très appréciée, cette exposition vient d’être prolongée jusqu’au 26 janvier 2020.
Remplis de couleurs vives, ces tableaux présentent surtout des scènes de baies et de ports, et des animaux, tant les bœufs de la ferme que les chiens et chats de la maison.
Hautement stylisée, l’œuvre de Maud Lewis capte les émotions associées à la vie simple d’autrefois et nous captive.
Écrit par
Chroniqueuse livres et activités culturelles pour enfants, et expositions d’art. Publie dans diverses revues des comptes rendus de livres et des essais sur la francophonie nord-américaine.
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